Masterclass de Florian Zeller
AVRIL 2016 – master class avec Florian Zeller
Une rencontre racontée par Sophia Zaidat, étudiante de 2ème année
L’œil du tigre au poignet, c’est avec beaucoup d’humilité que Florian ZELLER se présente à nous au Théâtre des Béliers ce mercredi 6 avril 2016, c’est la première fois qu’il donne une master class et d’instinct il prend la parole pour partager en toute intimité quelques histoires autour de ses passions que sont l’écriture et le théâtre, mais aussi pour nous parler du profond respect qu’il porte au métier d’acteur.
De l’écriture romanesque, on lui a proposé d’écrire un livret d’opéra hongrois avec beaucoup de parties parlées, c’est ce qui l’a par la suite emmené à écrire des pièces de théâtre.
Il ne porte pas d’intérêt au théâtre politique, à l’essai qui consiste à défendre une idée.
Pour lui le théâtre est : « Le théâtre est un endroit de mystère. Le théâtre c’est des gens qui se réunissent pour prendre des nouvelles d’eux même. »
Il dit écrire comme on rêve : « Écrire comme un rêve, cela coûte cher en rêve » Parce qu’il y a pour lui tout un travail en amont de l’écriture qu’il murit, se laissant porter par ses émotions, des situations observées et son intuition pendant des mois avant de poser sur papier en quelques jours seulement le fruit final de sa méditation. Il a écrit « Le père » sans penser à la maladie d’Alzheimer, le nom de la maladie n’a été posé qu’après ; et pas par lui.
Il aime aller voir ses pièces pour ce qu’elles lui offrent : « un bravo, un merci, un adieu, comme l’accident unique où le fou rire est accueilli par la complicité du public. Le public du cinéma est une foule inactive, morte contrairement au théâtre, il y a les réactions, vibrations partagées par la foule vivante. Le théâtre c’est quelque chose d’aussi fragile que la vie, on essaie de représenter la vie. »
Florian ZELLER nous a conté en groupe très privilégié ce matin-là avec une grande sensibilité la passion de Laurent Terzieff qui a joué devant 6 personnes comme s’il avait joué devant 300 personnes en faisant complètement abstraction des sièges vides. Et de rajouter : « Qu’est-ce qui importe le plus ? Faire acte d’incarnation. Accorder de la valeur à ce que l’on fait. »
Avant de nous confier, qu’il avait eu peur de ne pas aller jusqu’au bout dans l’écriture.
Florian Zeller réalise en notre compagnie qu’il avait en réalité écrit sa première pièce bien plus jeune, une histoire affective, dont le titre « Il faudra bien lui dire non » relate l’histoire d’un adolescent révolté. Il évoque ce souvenir, le sourire aux lèvres affirmant que même s’il ne savait plus où il avait bien pu la mettre : « J’avais déjà alors ressenti l’appel de l’écriture, l’appel du théâtre. »
Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense des acteurs étrangers, il fait référence à « The Royal Shakespeare Company » et il nous explique qu’en Angleterre : « L’acteur disparaît derrière le texte, il ne joue pas pour apparaître et être vu. »
Son conseil pour un casting: « Se voir comme un instrument de musique, se demander si on est adapté à la partition. Si on n’est pas retenu cela ne remet pas en cause la valeur de l’acteur. »
Il me restera, de celui qui travaille essentiellement avec son intuition, cette phrase simple et magique à la fois qui s’impose sans cesse depuis dans ma tête comme une mélodie que l’on fredonne sans s’en rendre compte : « C’est normal de douter mais il y a plus de personnes qui sont dans le renoncement que dans l’échec »