Interprétation – répertoire classique – Jeoffrey Bourdenet
La première complexité et difficulté de la Tragédie Classique est tout d’abord de l’alléger du poids des a priori et de l’enseignement rébarbatif qui lui est infligé, avant même que les élèves n’envisagent d’entrer dans un cours de théâtre. Et dont malheureusement, nous héritons.
Lui ôter cet aspect récitatif et sclérosé pour faire émerger l’intemporalité d’un langage complexe et apparemment daté. Dépasser ses craintes, se libérer de la contrainte technique et arriver à l’essence pure et sublime de la prosodie et de la syntaxe.
Appréhender cette forme, c’est d’abord maîtriser cet alexandrin tant redouté qui paralyse et effraie ; savoir en décrypter le sens apparent, parfois caché pour qu’apparaisse sa poésie et sa beauté envoûtante.
Cela demande patience et persévérance. S’astreindre à une rigueur de travail, accepter de se tromper, encore et encore. Il ne s’agit que de renouer avec une langue qui est la nôtre.
Il faut donc du temps pour apprivoiser ce style et parvenir à considérer cette langue classique de manière moderne et parvenir à s’amuser avec cette contrainte syntaxique qu’il faut respecter tout en la faisant, finalement, disparaître et ainsi rendre la soudure invisible.
L’objectif est, avant tout, d’amener les élèves à parler et non à jouer, pour envisager le vers non pas comme une langue morte, mais vibrante de contemporanéité. Afin qu’ils comprennent que, à travers l’immense et l’inexorable des situations, ces personnages ne sont en rien figés dans le temps ni dans une pesanteur hiératique; mais que, tout comme eux, ils sont traversés par des sentiments puissants, forts et violents.
Et par-dessus tout, être convaincu que technique et interprétation sont intimement liées, complémentaires et nécessaires l’une pour l’autre.
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